CHAPITRE 3° : LA RÉVOLTE
Tout ce conciliabule monologué
à huis clos m’a permis d’ouvrir une brèche dans la carapace
étouffante de ma solitude. Pendant la courte période qui
précède mon départ à l’armée, je travaille
dans un service d’aide sociale avec une capacité d’adaptation étonnante
: je supplée très vite le responsable en son absence. Je
connais aussi, ma première aventure féminine. Je la vie avec
une passion telle que ma première lettre est littéralement
enflammée. Elle se termine presque aussitôt, mon égérie
étant effrayée par cette manifestation dithyrambique. Je
supporte ma déception en découvrant la poésie. Je
traduis ma douleur en alignant à la volée des mots qui résonnent
dans ma tête comme une mélodie, inconsciente des éventuels
néologismes :
Réminiscence
Te souviens-tu, cruelle, une
eau coulait légère,
Silencieuse et tranquille
sous l'ombre platanée.
Tu souriais d'espoir, était-ce
suranné ?
Ton sourire enjôleur,
était-il donc de pierre ?
Ce ruisseau indolent accompagnait
nos pas,
Et en longeant son lit parfumé
de bruyères
J'ai souvent effeuillé
la gente primevère.
La promesse cueillie s'est
éteinte là-bas.
J'ai suivi aujourd'hui, la
rive familière,
Toujours aussi paisible sous
l'ombre platanée.
L'eau est restée limpide
même après les années,
Mais de l'herbe a poussé
au bord de la rivière.
J'ai retrouvé le cśur,
gravé sur un vieux chêne,
Qui mêle nos prénoms
à l'écorce première
Et la sève a voulu,
en cet anniversaire,
Que la pérennité
ne soit pas chose vaine.
Des couples amoureux empruntent
cette berge,
Sensibles aux douceurs qui
émanent des lieux.
Mais nul serment d'amour
et aucun autre aveu
N'a profané celui
que cet arbre héberge.
Cette expérience malheureuse a été
pour moi un déclic, j’ai commencé à ouvrir les yeux.
Je réalise que nous avons tous notre brin de folie et qu’il peut
se manifester de différentes manières, que ce soit dans la
violence, l’indulgence ou le mépris et cela n’est pas exhaustif.
Comme les empreintes digitales, il n’existe pas de destins identiques mais
seulement des similitudes. Pour ma part, j’ai dérogé à
la règle des définitions faciles en exprimant mon désarroi
par des pamphlets ou des alexandrins, rédigés sous le coup
de l’émotion comme un besoin immédiat.
Dés lors, je me laisse porter par mes élans
plus ou moins lyriques : c’est le cachet d’aspirine qui soulage ma douleur.
Est-ce le signe annonciateur d’une guérison naissante ? J’étale
ainsi sur le papier mes sentiments instantanés. Au lieu de déblatérer,
je poursuis mes élucubrations en vers. La rime raisonne en moi comme
une musique qui appelle les mots, tant pis pour les fausses notes. Ils
viennent s’ajuster comme des objets magnétiques dans une logique
élémentariste. C’est comme un vaste puzzle qui s’assemble
inexorablement. Je reste conscient de mes limites sans sombrer pour autant
dans une approche ubuesque Néronienne.
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LEXIQUE
CHAPITRE 1°
- LA DECOUVERTE
CHAPITRE 2°
- LE RENONCEMENT
CHAPITRE 3°
- LA REVOLTE
CHAPITRE 4°
- LE RENOUVEAU
CHAPITRE 5°
- DIANE
CHAPITRE 6°
- LA VIE A DEUX
CHAPITRE 7°
- UN PIED EN ENFER
CHAPITRE 8°
- L’ADVERSITE
CHAPITRE 9°
- LES EMBROUILLES
CHAPITRE 10° -
LA CENDRILLON MODERNE
CHAPITRE 11° -
LES TRAVERS
CHAPITRE 12° -
LE PIEGE
CHAPITRE 13° -
LA TRANSFIGURATION
CHAPITRE 14° -
PROCEDURE
CHAPITRE 15° -
ECLAIRCIE |
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