VIVRE UN PURGATOIRE (page 5)
CHAPITRE 3° : LA RÉVOLTE

Tout ce conciliabule monologué à huis clos m’a permis d’ouvrir une brèche dans la carapace étouffante de ma solitude. Pendant la courte période qui précède mon départ à l’armée, je travaille dans un service d’aide sociale avec une capacité d’adaptation étonnante : je supplée très vite le responsable en son absence. Je connais aussi, ma première aventure féminine. Je la vie avec une passion telle que ma première lettre est littéralement enflammée. Elle se termine presque aussitôt, mon égérie étant effrayée par cette manifestation dithyrambique. Je supporte ma déception en découvrant la poésie. Je traduis ma douleur en alignant à la volée des mots qui résonnent dans ma tête comme une mélodie, inconsciente des éventuels néologismes :

Réminiscence

Te souviens-tu, cruelle, une eau coulait légère, 
Silencieuse et tranquille sous l'ombre platanée. 
Tu souriais d'espoir, était-ce suranné ? 
Ton sourire enjôleur, était-il donc de pierre ?

Ce ruisseau indolent accompagnait nos pas, 
Et en longeant son lit parfumé de bruyères 
J'ai souvent effeuillé la gente primevère. 
La promesse cueillie s'est éteinte là-bas.

J'ai suivi aujourd'hui, la rive familière, 
Toujours aussi paisible sous l'ombre platanée. 
L'eau est restée limpide même après les années, 
Mais de l'herbe a poussé au bord de la rivière.

J'ai retrouvé le cśur, gravé sur un vieux chêne, 
Qui mêle nos prénoms à l'écorce première 
Et la sève a voulu, en cet anniversaire, 
Que la pérennité ne soit pas chose vaine.

Des couples amoureux empruntent cette berge, 
Sensibles aux douceurs qui émanent des lieux. 
Mais nul serment d'amour et aucun autre aveu 
N'a profané celui que cet arbre héberge.

Cette expérience malheureuse a été pour moi un déclic, j’ai commencé à ouvrir les yeux. Je réalise que nous avons tous notre brin de folie et qu’il peut se manifester de différentes manières, que ce soit dans la violence, l’indulgence ou le mépris et cela n’est pas exhaustif. Comme les empreintes digitales, il n’existe pas de destins identiques mais seulement des similitudes. Pour ma part, j’ai dérogé à la règle des définitions faciles en exprimant mon désarroi par des pamphlets ou des alexandrins, rédigés sous le coup de l’émotion comme un besoin immédiat. 

Dés lors, je me laisse porter par mes élans plus ou moins lyriques : c’est le cachet d’aspirine qui soulage ma douleur. Est-ce le signe annonciateur d’une guérison naissante ? J’étale ainsi sur le papier mes sentiments instantanés. Au lieu de déblatérer, je poursuis mes élucubrations en vers. La rime raisonne en moi comme une musique qui appelle les mots, tant pis pour les fausses notes. Ils viennent s’ajuster comme des objets magnétiques dans une logique élémentariste. C’est comme un vaste puzzle qui s’assemble inexorablement. Je reste conscient de mes limites sans sombrer pour autant dans une approche ubuesque Néronienne. 
 

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LEXIQUE

CHAPITRE 1°    -  LA DECOUVERTE 
CHAPITRE 2°    -  LE RENONCEMENT
CHAPITRE 3°    -  LA REVOLTE
CHAPITRE 4°    -  LE RENOUVEAU 
CHAPITRE 5°    -  DIANE
CHAPITRE 6°    -  LA VIE A DEUX
CHAPITRE 7°    -  UN PIED EN ENFER 
CHAPITRE 8°    -  L’ADVERSITE
CHAPITRE 9°    -  LES EMBROUILLES 
CHAPITRE 10°  -  LA CENDRILLON MODERNE 
CHAPITRE 11°  -  LES TRAVERS
CHAPITRE 12°  -  LE PIEGE 
CHAPITRE 13°  -  LA TRANSFIGURATION 
CHAPITRE 14°  -  PROCEDURE 
CHAPITRE 15°  -  ECLAIRCIE

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