ECCE HOMO
POUR DIANE
Craintive tu errais
Seule et abandonnée.
Ton franc regard loyal
De fidèle animal
Quêtais désespéré
Et je t'ai adopté.
Lors je te baptisais
D'un patronyme usé
Que d'autres avant toi
Avaient porté déjà.
Nous n'avions pas de maître,
Et nos parcours champêtres,
Sur les sentiers herbeux,
Se transformaient en jeux.
Quelquefois à l'arrêt,
Au détour d'une haie,
Tu montrais la nature
Dans son essence pure.
Jamais, face aux enfants,
Tu n'a montré la dent.
Pourtant, combien de fois,
Des marmousets sans loi
Martyrisaient ta robe
Ou torturaient tes lobes.
Un jour, la seule fois,
Je t'ai trouvé en proie
A l'agressivité
Quand vint ma fiancée.
Pauvais-je imaginer
Que tu la jalousais ?
Jamais tu n'avais tant
Grogné auparavant.
Et puis tu es partie
Sur une maladie
Que tu n'as pas voulu
Partager à ma vue,
M'implorant du regard
Pour me mettre à l'écart,
Comme si tu craignais
De me contaminer.
Moi ton ami de coeur
Oppressé de douleur
Je t'ai aménagé
Ton repos, le dernier.
Dort ma brave Épagneul,
Repose en ton linceul.
S.R.
|