POÈMES A DÉCOUVRIR "La collection est l'art du pauvre, la
poésie en est le rêve"POEMES
A DECOUVRIR
LA CANICULE
De timides lueurs flottent sur
la pénombre, Ensanglantant au loin la ligne
d'horizon Et le jour inconstant se réveille
aux rayons Auréolés d'azur,
que perce l'éther sombre.
La canicule ceint la nuée
faubourienne. Son voile rutilant propage la
clarté, Embryonnant la terre dans la lucidité Qui porte en son sein, les ferveurs
quotidiennes.
Elle s'épanouit en brouillards
de lumières, Tombe en cascades d'or et tresse
d'allégresse Toutes les voluptés, comme
une humble ouvrière.
Bercée par le zéphyr,
humide sous l'ondée, Couvrant les oasis des vapeurs
de l'ivresse, Elle transubstantie les visions
embrumées.
S.R.
LA PLUIE
Fille du firmament, elle étale
sa toile Incrustée de diamants,
de nacres et d'écailles, Ouvrageant dans les nues un manteau
de grisaille, Barrière du néant
qui se vêtit d'étoiles.
Et ses larmes de crin cinglent,
sempiternelles, Les étangs de verdure où
la faune apeurée Perd ses instincts grégaires
face au mal déchaîné Qui lance l'armada dans un bruit
de crécelles.
Subitement l'éclair perce
le clair-obscur En extériorisant son puissant
potentiel. Les zébrures dorées
déchiquettent l'azur.
Bientôt, un rai fluet perce
l'air endeuillé. L'espace s'ouvre alors aux couleurs
d'arc-en-ciel Et les gouttes d'argent tombent
émerveillées.
S.R.
LA NEIGE
Ballerine légère
dans un courant crémeux, Elle couche en flocons sa moquette
d'écumes, Inhumant le terreaux sous un duvet
de brume, Diaprée à l'infini
d'un sourire laiteux.
Est-elle emmitouflée dans
un havre de grâce Pour flatter de candeur les reliefs
d'aquarelles ? Quel blanc immaculé sorti
de l'escarcelle De quelques cumulus, la cuirasse
de glace ?
Ici un son feutré vient
aux pas, faire écho. Ou bien, couperosé, voilà
un teint cuivré Comme le hâlerait un brûlant
sirocco.
Alors les graines d'or d'un brasero
d'argent Projettent un linceul sur sa blanche
livrée Qui fond et disparaît dans
le lit d'un torrent.