L'utilisation
de la lettre en papier remonte au milieu du XIII° siècle ; il
s'agit surtout de documents administratifs ; leur rencontre tant par les
historiens que par les collectionneurs est rendu difficile de nos jours
en raison des saccages opérés au moment de la révolution
française sur tout ce qui est lié à l'ancien régime
; c'est ainsi que certaines archives paroissiales ont littéralement
disparu ; avec elles les vieux manuscrits malgré leur développement
au XVI° siècle lorsque la distribution des correspondances commence
à s'organiser .
Sachant les contraintes liées
à l'épanouissement de la culture et la limitation de l'instruction
à une élite comme les religieux, la noblesse ou les riches
tirant leur fortune du négoce, peu de personnes sont susceptibles
de savoir lire et écrire ; si l'on intègre le facteur préservation
à l'espace temps, rares sont les documents qui ont pu arriver jusqu'à
nous .
Cependant, c'est à
cette époque qu'apparaît le souci et la volonté de
vouloir préserver la confidentialité des écrits ;
pour assurer le secret de cette correspondance et son faible encombrement,
plusieurs procédés sont employés en matière
de fermeture et de conditionnement du pli .
Notons essentiellement :
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La MÉTHODE
DU FER DE LANCE (lettre de TARASCON du 20
mars 1630) : un
ruban de papier en forme de fer de lance est découpé dans
la lettre puis passé au travers d'une incision faite une fois le
document plié . La pointe ressort au verso où elle est fixée
par un cachet de cire ; elle traverse ensuite la deuxième incision
(indiquée par des flèches sur la partie vierge) ; elle apparaît
au recto où elles est scellée par un autre cachet de cire
avec la partie du fer de lance qui a été rabattu ; il existe
plusieurs variantes de ce système . |
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Le SYSTÈME
AVEC ENTAILLE PRONONCÉE
(document de
1649). Cet autre procédé de
fermeture consiste à pratiquer une entaille suffisamment prononcée
dans l'épaisseur de la lettre pliée, de telle sorte que les
fragments obtenus traversent le document pour être scellés
par un cachet de cire armorié au verso, tandis que le recto reçoit
un cachet identique pour consolider l'incision initiale . |
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Le RUBAN
DE PAPIER (deux modèles, avec ou sans
apport extérieur), ici un document
de 1632 avec ruban étranger au pli ;le
secret de la correspondance est assuré par un ruban de papier fixé
au verso par un cachet de cire qui traverse la lettre par une incision
faite sur le document plié (visible sur l'"M" de Monsieur) ; après
avoir fait le tour du pli par l'extérieur, il revient au dos où
il est fixé par un second cachet de cire (un fragment subsiste) |
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Même système
de fermeture avec le ruban de papier externe au pli :
document relativement rare
du 22 août 1577
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Le CONDITIONNEMENT
PAR FIL DE SOIE ; sur ce document du 24 juillet
1649, ce sont des cordonnets de soie colorée,
fixés par des cachets de cire armoriés, au recto et verso
de la lettre, qui assure la confidentialité de la correspondance
. L'équilibre esthétique de ce document est tout à
fait agréable et sa conservation remarquable . Ce modèle
de fermeture sera utilisé depuis la seconde moitié du XVI°
siècle, jusqu'à la fin du XVII° . Il existe de nombreuses
couleurs de soie . |
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Lettre de l'ancien régime,
fin du XVII° siècle ; la méthode de fermeture employée
est très proche de nos enveloppes actuelles ; la correspondance
rédigée sur une feuille volante est insérée
dans le pli fermé ; noter la taxe d'acheminement à 9 sols
pour le trajet de TARASCON à MONTPELLIER, avec un double changement
de département |
D'autres type de pliage sont
apparu pour devenir les véritables précurseurs de nos enveloppes
contemporaines :
- PLIAGE
DES QUATRE COINS : la lettre est pliée
en trois, les parties extrêmes étant rabattues au verso en
complétant par la réunion des quatre angles obtenus, le tout
scellé par un cachet de cire .
- PLIAGE
AVEC EMBOÎTEMENT : le pliage se fait
en trois parties en maintenant une partie centrale au recto ; les extrêmes
sont alors réunis et emboîtés l'un dans l'autre puis
maintenus par un cachet de cire .
- PLIAGE
PRÉCURSEUR : découpage triangulaire
des parties pliées autour de l'élément central ; les
quatre coins sont réunis au verso et fixés par un cachet
de cire . |
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