IDENTIFICATION
Il est d'autant plus difficile de déterminer un
harcèlement moral que les victimes doutent de l'agression . Pour
les témoins, une telle violence est inimaginable, sauf au cinéma
. Mais la réalité ne dépasse-t-elle pas parfois la
fiction ? Qui n'a pas réagi en pensant tout bas : "il n'y
a pas de fumée sans feu" ou bien "si on le traite comme çà,
c'est qu'il le mérite".
Prise entre le sentiment de culpabilité et l'effet
paralysant induit par la communication perverse, la victime se sent prise
au piège. Son besoin de compréhension l'amène à
remettre en question sa personnalité. Faute de trouver les explications,
le doute s'installe et elle perd de son assurance . Elle s'auto-dévalorise,
devient irritable et plus agressive. Bref, par ce mea culpa continuel et
l'interrogation répétitive consistant à se demander
ce qu'elle a bien pu faire pour mériter tout cela, elle accrédite
la démarche du "harceleur" vis à vis de ses collègues.
Cette attitude, proche du renoncement, connaît
son paroxysme lorsque la victime approuve ce qui lui arrive. Elle trouve
alors justifiés les discrédits, brimades, reproches, invectives,
sanctions, isolement, etc.. dont elle fait l'objet pour sombrer dans une
léthargie morale qui est la porte ouverte à une issue qui
peut être dramatique.
Tout d'abord, le "harceleur" agit à pas de loup
. Fin psychologue, il choisit une victime fragile donc contestable pour
son environnement immédiat puis lui lance quelques assauts indolents
mais pernicieux . Étayé par des propos équivoques
qui se veulent rassurants et qui s'avèrent en réalité
perturbants, il provoque une prise de conscience . La victime est alors
progressivement happée par une machine qui l'impressionne, l'effraye
et la dépasse. Elle accepte finalement comme un moindre mal, la
décision finale.
Fort de se résultat, le "harceleur" élargit
progressivement son champ d'action et profitant de sa position de supérieur
hiérarchique, il va enfin pouvoir s'attaquer à plus brillant,
plus aimable, plus sociable, plus vivant que lui, ou en se référant
au principe de la pyramide de Masselot, à celui qui a réussi
à percer là ou lui a été écarté
. Il va préparer à l'avance son terrain. Rusé comme
un renard, il flagorne d'un côté pour mieux asséner
de l'autre, virevoltant à chaque fois pour consolider ses arrières,
soufflant le chaud et le froid, exploitant parfaitement la querelle des
anciens et des modernes ou les promesses à moyens termes qui, comme
chacun sait, " n'engagent que ceux qui les croient".
La personnalité du "harceleur" explique souvent
son comportement . Cumulant les échecs dans sa vie familiale,
rejeté par le milieu associatif, paria politique manquant de charisme,
il a un besoin de reconnaissance et cherche à s'affirmer par le
seul atout dont il dispose : l'abu de pouvoir ; harcèlement, promotions
canapé, etc.. seront ses armes favorites .
Mais il arrive un moment où sa suffisance le
perd et l'amène à faire des erreurs : dérapage, victime
mal cernée, erreurs répétitives, contradictions flagrantes,
etc..
Quelle pathologie cela entraîne-t-il malgré
tout pour la victime ?
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